Les bouleversements du siècle se répercutent sur les arts. Alors que depuis le moyen âge les styles avaient dérivés les uns des autres en se succèdant dans le temps, le XIX°siècle va voir la multiplication des écoles. Jusqu'en 1914 la France va jouer un rôle artistique majeur en Europe notamment en peinture.
L'Académisme.
Longtemps encore les peintres travaillent "à la commande" pour l'Etat ou de riches particuliers. Comme sous l'Ancien Régime le genre détermine la qualité de l'oeuvre: au sommet, la peinture d'histoire , puis le portrait ( Jean Auguste Dominique Ingres 178O-1867), la peinture de genre, le paysage dont le goût se répand (école de Barbizon, William Turner 1775-1851 , Constable) et enfin la nature morte. En France l'Académie de peinture et de sculpture qui dirige l'école des Beaux-arts et constitue le jury pour le Salon annuel, oriente la création dans la perpétuation d'un néo-classicisme affadi. La perfection technique du métier, l'exactitude dans la représentation du réel sont mises au service d'oeuvres aux sujets conventionnels correspondant aux aspirations de reconnaissance sociale des nouvelles catégories dominantes. C'est l'Académisme. Dans la seconde moitié du siècle les peintres académiques seront appelés les "pompiers" à cause des personnages souvent casqués de leurs composition tirées de sujets de l'Antiquité.
Jean-Auguste-Dominique Ingres
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John Constable |
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Thomas Couture
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Le Romantisme
Parallèlement se développe pendant la première moitié du siècle l'école romantique Eugène Delacroix (1798-1863) en France, Caspar David Friedrich (1774-184O) en Allemagne où les peintres cherchent à accroître l'expressivité de leurs oeuvres par la fougue des lignes ou des couleurs. Le mouvement romantique est européen. Ce mouvement est apparu dès la fin du XVIII°. Il prend le contrepied du rationalisme et de l'idée de progrès qui avaient guidé les hommes des lumières et les dirigeants politiques de la Révolution. Les "jeunes chevelus" romantiques contre les "vieilles perruques classiques". Devant les désillusions , les tourmentes des guerres et de la révolution le goût de l'irrationnel , du religieux , du passé revient en force. Plus que la compagnie règlée des hommes on recherche la communion avec la nature. (voir les peintures de G-D Friedrich). L'imagination libérée se complaît aux rêves, à l'insolite, voire au terrifiant (voir les peintures du suisse Füssli). Les romantiques rejettent les règles et placent l'artiste au centre de son oeuvre, sa sensibilité doit lui permettre de transmettre une vision du monde. Il est créateur et voyant. Renouvellement des sujets, refus des scènes bibliques ou mythologie, inspiration dans légendes médiévales. David illustrait son temps par l'histoire romaine; Delacroix peint une jeune grecque de son temps pour illustrer l'aspiration à la liberté.
J.H. Füssli. Le Cauchemar, 1781. |
Delacroix. "La Grèce sur les ruines de Missolonghi" 1826. Huile sur toile 213 x 142 cm- Bordeaux |
Gaspard D. Friedrich. |
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Théodore Géricault. " Le Radeau de la Méduse" (1818) Huile sur toile- 491 x 716 cm. Louvre |
Le Réalisme.
En réaction avec le Romantisme , avec Corot, J.F. Millet 1814-1875, ou Gustave Courbet 182O -1875 l'école réaliste souvent animée par des préocupations sociales qui cherchent à représenter l'aspect de leur époque et souvent les conditions de vie des gens humbles sans chercher comme les romantiques ou les pompiers à idéaliser la réalité. Célèbrer la beauté moderne, l'héroïsme de la vie moderne dit Baudelaire exaltant les héros de Balzac au Salon de 1846.
J.B. Corot. "Le pont de Narni" 1826. H/T 34 x 48 cm - Louvre |
Gustave Courbet. "Les Casseurs de Pierre". 1849. 165 x 257 cm. Dresde |
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Honoré Daumier. "Le Wagon de Troisième classe". Huile sur toile. 67 x 93 cm. Ottawa |
Léon Lhermitte. "La paye des Moissonneurs" 1882. 215 x 272 cm. Orsay, Paris |
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L'impressionnisme.
La rupture dans la façon de peindre a lieu après 186O au moment où la photographie permet maintenant de reproduire exactement la réalité. Le souci de la transcription objective de la réalité va céder le pas à la vision subjective du peintre. Les peintres vont rechercher maintenant les moyens plastiques de la traduire. Après les audaces de Edouard Manet 1832-1883 éclaircissant sa palette, simplifiant ses formes et renouvelant les thèmes (L'Olympia démarquée de la vénus d'Urbin du Titien ou le déjeuner sur l'herbe démarqué de Giorgione), les impressionnistes (Claude Monet 184O-1926 : "peu m'importe le motif, je ne veux peindre que la beauté de l'air, ce qu'il y a entre moi et le motif") , Renoir 1841-1919, Pissaro, Sisley 1839-1899) s'efforceront de fixer les éphémères vibrations colorées de la lumière dans des paysages où ciels et eaux mouvants occupent une grande place. Degas 1834-1917.
Édouard Manet |
Claude Monet "Peupliers". (1891). Huile sur toile 92x72 Philadelphia |
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Alfred Sisley "La Route de Louveciennes". Huile sur toile. (1873) 46,5 x 56,5 cm . Bruxelles. |
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Leurs oeuvres étant refusées au Salon officiel, un marché parallèle de l'art va progressivement se former autour de grands marchands comme Durand-Ruel. Il s'adresse à un public encore restreint d'hommes d'affaires.
A la fin du siècle l'impressionnisme s'est imposé comme référence à côté de l'Académisme. Il se diversifie à son tour à partir d'individualités fortes comme celle de Paul Gauguin simplifiant les formes et libérant la couleur (les Nabis) du Hollandais Van Gogh dont les oeuvres expressionnistes annoncent le fauvisme du début du XX°siècle (Braque, Derain, Vlaminck, pour eux la couleur pure, et agressive prime le dessin) ou encore autour de Cézanne dont les patientes recherches géométrisantes préparent le cubisme qui s'épanouit à la veille de la guerre (Braque, Picasso, pour eux au contraire la forme géométrisée et éclatée supplante la couleur volontairement éteinte dans des gris et des ocres.).
Paul Gauguin "Les Pourceaux noirs". 1891. huile sur toile 92,5 x 72,2 cm. Budapest |
Vincent Van Gogh "Arles, Terrasse de café, le soir". (1888). Huile sur toile. 81 x 65,5 cm. Otterlo |
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Paul Cézanne "La Montagne Sainte Victoire". (1904). Huile sur toile. 70 x 92 cm. Philadelphie |
Georges Braque "L'Estaque". (1906). Huile sur toile. 60 x 73,5 cm. Pompidou |
Pablo Picasso "Le réservoir, Horta del Ebro". (1909). Huile sur toile. 61,5 x 51,1 cm. New York |
L'expressionnisme, les débuts de l'abstraction
La peinture est concurrencée comme moyen d'information par la photo et le cinéma, elle est devenue un moyen de transposition de la réalité et d'expression de la pensée.
Les bouleversements ont été tout aussi importants dans les autres pays: dans les pays allemands avec les expressionistes du groupe "die Brücke" ou "der blau Reiter" d'où sortira l'abstraction (W. Kandinsky), mais la musique y a connu des développements plus importants de Beethoven, Schubert, Schumann à Wagner, Mahler ou Brückner. De même en Russie avec en musique Moussorsky, Borodine ou Tchaïkovski et en peinture avec les peintres de "l'avant garde" Tatline, Popov, Larionov, Malevitch qui évoluent vers une abstraction géométrique. Aux Etats-Unis c'est surtout dans l'architecture que les progrès sont les plus frappants avec l'élévation des premiers gratte-ciel à structure métallique.
Ernst Ludwig Kirchner "Scène de Rue à Berlin. 1913. Huile sur toile. 121 x 95 cm. Neue Galerie, NY |
Wassily Kandinsky "À la Voix Inconnue". 1916. Aquarelle sur papier. 23,7 x 15,8 cm. Pompidou, Paris |
Lazar Lisstszky "Battre les Blancs avec le Coin Rouge". 1920. Lithographie |
Daniel Burnham "Flatiron Building" (1902). New York |
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